Turcotte Denise

Un ciel s’étend à perte de vue, sans nuage, comme une toile vierge prête à accueillir les rêves. C’est une journée parfaite pour s’envoler, pour quitter le sol et s’élancer vers l’inconnu. Mais vers où, ou vers quoi ? Les oiseaux savent instinctivement quand il est temps d’ouvrir les ailes et de prendre leur envol.
Dans cette quête de liberté, je me balance, les pieds pointés vers le haut dans une danse d’euphorie. Je ressens l’élan du vide, cette extase qui accompagne chaque saut, chaque reprise dans la balançoire de la vie. La légèreté de mon être, malgré les attaches et les amarres qui me retiennent parfois, me permet de goûter à l’excitation d’un moment suspendu.
C’est un plaisir d’enfants, ce simple fait de bondir. Juste pour la sensation crispante de l’air frais sur mon visage, pour l’adrénaline qui pulse à chaque saut. Je saute plus loin, recommençant sans me lasser de cette danse répétitive, chaque retour à la terre promettant une nouvelle élévation. L’avion de mes émotions me porte sans que je sache où je vais atterrir, mais cela n’a pas d’importance.
Là, suspendue entre ciel et terre, la balançoire me rappelle les frissons de mon enfance. La peur m’envahit parfois, un haut de cœur, une vague à l’âme qui trouble mes pensées. Mais ces souvenirs, bien que chargés d’incertitudes, ne font que renforcer mon désir de voler. Je voudrais rejoindre les oiseaux, pour voir de haut la route qui m'attend, retrouver l’innocence et la curiosité de l’enfant en moi.
Laisser les cordages de la peur derrière moi devient une nécessité. J’aspire à croire en un monde meilleur, à retrouver cette liberté tant convoitée. Dans l’ivresse du vent, je me libère de mes doutes, m’élevant haut, portée par le désir de découvrir, de vivre pleinement.
Ainsi, je m’élance, embrassant l'inconnu, prête à danser avec les nuages.